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PATRIMOINE
Marie-Claude Lalique, fille de Marc, m’a raconté que parmi les premières créations de son père se trouvait le flacon conçu en 1928 pour le parfum Le Baiser du Faune de la maison Molinard. Cet imposant flacon est orné d’un motif décoratif évoquant l’Antiquité, thème cher à René Lalique, interprété ici dans le style vigoureux et moderne de Marc. Ce dernier a également réalisé une sublime création pour le parfum Trésor de la Mer de Saks Fifth Avenue, qui comprend un gros coffret en forme de coquillage, en verre bleuté, opalisé et dépoli, fusionné à un ensemble de plantes aquatiques en verre ambré, également opalisé et dépoli, s’ouvrant le long d’une charnière en argent pour révéler un petit flacon sphérique, à l’image d’une perle. Cette édition limitée à 100 exemplaires, disponible uniquement pour Noël 1936, constitue l’un des objets les plus étonnants créés pour la parfumerie.
Jeudi 14 octobre 1960, Marc Lalique signe le livre d′or de la cité de Montréal en présence de son Honneur le Maire.
Avec l’appui de l’État, soucieux de reconstituer les industries du luxe décimées par la Grande Guerre, la Verrerie d’Alsace à Wingen-sur-Moder ouvre ses portes en 1922 après quelques années de construction. Elle compte une cinquantaine d’ouvriers hautement qualifiés et une mécanique d’avant-garde produite d’après les indications, très précises, de René Lalique. Elle sera très importante pour la prospérité de la région et celle de l’artiste. Contrairement à l’ancienne usine de Combs-la-Ville, cette nouvelle manufacture est capable de produire des objets en très grand nombre. Marc Lalique y entre d’abord comme apprenti, et y découvre non seulement les techniques verrières en général, mais aussi celles inventées par son père – impossible, en effet, de créer sans comprendre les possibilités de fabrication du verre. René Lalique travaille depuis longtemps avec ses collaborateurs de talent – dessinateurs, sculpteurs, ciseleurs, chimistes et techniciens de toutes sortes. Leurs rôles et leurs relations sont bien établis, et Marc a du mal à s’intégrer au groupe. Mais bientôt, grâce à sa personnalité tenace, il réussit à réaliser ses idées au sein de l’équipe de création. Progressivement, son style personnel, fort et dépouillé, correspondant d’ailleurs à l’évolution esthétique de l’époque, s’impose, et durant toute sa carrière, il crée des objets conçus selon sa propre vision, tout en se pliant au caractère du style Lalique.
M
ENFANT SAGE ET TRANQUILLE, MARC VIT UNE SCOLARITÉ SANS DIFFICULTÉ EN TANT QUE PENSIONNAIRE À L’ÉCOLE DES ROCHES, PUIS ÉLÈVE À L’ÉCOLE NATIONALE SUPÉRIEURE DES ARTS DÉCORATIFS DE PARIS.
arc a une sœur de huit ans son aînée, Suzanne, et lorsque leur mère Alice, et leur grand-mère paternelle Olympe, décèdent en 1909, Suzanne, déjà jeune fille, s’occupe de lui. Marc passe son enfance entouré des œuvres de son père, qui ornent l’appartement privé de la famille, ainsi que les ateliers de création et les salons d’exposition qu’abrite l’immense immeuble. C’est là qu’il fait son apprentissage et, empreint du style Lalique, il deviendra créateur. Enfant sage et tranquille, il vit une scolarité sans difficulté en tant que pensionnaire à l’École des Roches, puis élève à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, où sa sœur Suzanne avait été étudiante.
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