Lalique 2024 FR Web
PATRIMOINE
À MESURE QUE LA COMPLICITÉ ENTRE PÈRE ET FILLE S’ACCROÎT, LE TALENT DE SUZANNE EST DÉCUPLÉ.
L’Exposition universelle de 1900 consacre le génie de son père au plus haut niveau, et René Lalique est reconnu comme le plus grand joaillier du siècle. Un petit frère naît en septembre, et la famille déménage au Cours-la-Reine, dans un immense et splendide hôtel particulier que Lalique s’est fait construire face à la Seine, à proximité du pont de l’Alma. Il en a conçu le décor de la façade et des intérieurs, empreints d’art, d’harmonie, de luxe et de beauté. Le rez-de-chaussée est dédié aux travaux de Lalique et de ses collaborateurs, les étages inférieurs sont consacrés aux salles d’exposition et de réception, et le quatrième niveau est leur espace de vie. Visites d’amis et soirées festives se poursuivent, et la maison exhale la joie de vivre. sévère, il ne tolère ni l’inattention, ni la paresse, alors elle s’applique et se révèle une élève surdouée. Lorsque Lalique voyage, elle est tenue d’adresser quotidiennement ses dessins par courrier à son père, qui lui répond aussitôt et livre ses critiques. À mesure que la complicité entre père et fille s’accroît, le talent de Suzanne est décuplé. Cependant, de grands chagrins vont bouleverser la famille, et en 1909, René Lalique perd Olympe, sa mère bien-aimée, Suzanne s’est mise au dessin très jeune, et cela n’a pas échappé à son père, qui devient son professeur. Intransigeant,
PAGE DE GAUCHE Esquisses de décors pour un vase en porcelaine de Sèvres, vers 1920, gouache, aquarelle et encre noire ©Musée Lalique - dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi PAGE DE DROITE Paravent à trois feuilles, 1920, huile et gouache sur papier contrecollé sur toile ©Studio Y. Langlois/musée Lalique - dépôt Shai Bandmann et Ronald Ooi
Suzanne propose un graphisme en phase avec l’objet final, représentant un ensemble de houppettes. Décentrée, asymétrique, et étonnante de modernité, cette composition mythique va être reproduite sur toutes les boîtes à poudre de Coty – jusqu’à nos jours. Le coup d’essai de la jeune femme prend donc la tournure d’une réussite fulgurante. L’année suivante, la Manufacture de Sèvres achète à Suzanne des aquarelles de motifs décoratifs pour les émailler sur des plats et, en 1912, elle expose au Salon d’Automne tout un ensemble de dessins destinés à l’impression sur tissus, dont certains vont être réalisés par Tassinari et Chatel. En 1913, le grand couturier Jacques Doucet, collectionneur et mécène, commande à Suzanne un canapé pour son appartement de l’avenue du Bois, c’est une consécration. Elle lui créera par la suite cinq paravents, destinés à son studio de la rue Saint-James à Neuilly. Cette demeure, aujourd’hui légendaire, est meublée et décorée par les plus grands artistes et ensembliers d’avant-garde de l’époque. Suzanne, quant à elle,
ainsi qu’Alice qui meurt d’une hémorragie post-opératoire. L’année suivante, il perd sa fille, Georgette. Suzanne, qui n’a que 17 ans à la mort de sa mère, se trouve projetée dans le rôle de maîtresse de maison. Elle est de plus en plus proche de son père, avec lequel elle partage presque quotidiennement ses repas, qui sont autant de moments d’échanges d’idées sur les créations artistiques de l’un et de l’autre. René Lalique est désormais maître-verrier, et possède une grande usine à Combs-la-Ville. Parmi ses prestigieux clients, on compte déjà le parfumeur François Coty. En 1910, ce dernier commande à Lalique le dessin d’une boîte à poudre à réaliser en carton recouvert de papier. René s’adresse alors à Suzanne : pour lui, le moment est venu, il est convaincu qu’elle est prête.
comptera au total onze paravents au sein de sa production. Elle expose régulièrement ses créations au Salon d’Automne et au Salon des Artistes décorateurs : tapis, tentures murales, bas-reliefs et dessins. La jeune femme travaille souvent pour la Manufacture de Sèvres, et ses décors, fort appréciés, sont émaillés sur nombre de services de table, de vases et de boîtes. Si elle collabore avec son père à la décoration intérieure de paquebots et de trains de luxe, elle conçoit surtout à partir de 1912 des motifs décoratifs destinés à la reproduction sur divers objets de la verrerie Lalique.
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