Lalique 2024 FR Web

ART & DESIGN

C ’est un voyage dans le temps que l’on s’offre en déambulant au gré des étroites ruelles pavées de Castelvetro di Modena. Témoins privilégiés du passage des siècles, les rues de la cité médiévale ont vu se succéder le règne de la famille Rangoni dans les années 1330, puis celui des Français à la fin du xviii e siècle, avant que la dynastie d’Este et l’élite de Modène ne reprennent le pouvoir en 1815. Aujourd’hui paisible et indolente, la ville se laisse cajoler par une douce lumière automnale, au rythme des scènes de vie offertes par la succession de fenêtres ouvertes. Mais sur le damier pavé de la Piazza della Dama, place principale de Castelvetro où trône l’Ares Wami Lalique Spyder, les apparences peuvent s’avérer trompeuses. À l’image de la ville, la voiture semble elle aussi provenir d’une autre époque – son immense capot et sa large calandre ne sont pas sans évoquer la Maserati A6GCS Frua des années 1950. L’élégant profil busqué épouse son châssis, tandis que ses ventilations latérales rappellent la légendaire Ferrari 250 GT California. Le raffinement des roues à rayon et des petits rétroviseurs chromés témoigne d’une grande attention portée aux détails – plus évidente encore lorsqu’on y regarde de plus près pour découvrir les treize pièces de cristal Lalique disposées à l’extérieur et à l’intérieur du véhicule.

S’il s’agit bel et bien d’une première rencontre entre le cristal et le châssis d’un véhicule, la maison Lalique a toujours entretenu des liens avec l’industrie automobile. En effet, René Lalique, qui a fondé la Maison à la fin du xix e siècle, avait signé plusieurs collaborations avec les plus grands noms de la carrosserie de luxe. Dès 1925, il a notamment créé pour des clients comme Delage, Bentley ou Rolls Royce vingt-sept mascottes de cristal qui ont orné le capot de certaines des plus belles voitures du début du xx e siècle. Ces créations ont conféré à Lalique une reconnaissance

© Karine Faby

internationale non seulement pour son savoir-faire en verrerie mais aussi pour ses motifs complexes. Le lien entre la Maison et les sports automobiles puise toutefois ses origines encore plus loin, puisque René Lalique avait conçu la plaque de bronze massif remise au vainqueur de la Targa Florio en 1906.

UNE GRANDE ATTENTION EST PORTÉE AUX DÉTAILS, TREIZE PIÈCES DE CRISTAL LALIQUE SONT DISPOSÉES À L’EXTÉRIEUR ET À L’INTÉRIEUR DU VÉHICULE.

© Karine Faby

Chacune d’elles a été réalisée à la main entre les murs de la manufacture alsacienne au savoir-faire centenaire de Lalique. Si les éléments ont été placés à des endroits bien visibles, le résultat exhale une discrète élégance. C’est notamment le cas de la mascotte du bouchon de radiateur, Masque de Femme , dont le visage de style Art déco a été poli à la main pour obtenir l’effet givré caractéristique de la Maison. Les cabochons des jantes sont quant à eux assortis à la couleur de la carrosserie, tandis que de grandes figures ouvragées ont subtilement été disposées à l’arrière des appuie-têtes. C’est la première fois que Lalique collabore avec un carrossier sur une voiture de production. Si le projet a posé quelques défis, chaque pièce a été fabriquée dans le respect des traditions de la Maison. Comme l’explique Marc Larminaux, directeur artistique et de la création chez Lalique, « pour produire des éléments de cristal d’une qualité aussi exceptionnelle, le processus a nécessité différentes étapes, de la fabrication des moules au procédé de verre chaud – par lequel les températures peuvent atteindre les 1 400 °C – jusqu’au sculptage et au polissage permettant aux pièces de s’intégrer parfaitement dans l’habitacle. »

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